Pour cette synthèse, nous avons examiné l’approche proposée par Épicure, dans la Lettre à Ménécée, pour atteindre le bonheur.
Selon Épicure, il n’y a pas d’âge pour philosopher
- La philosophie, par la compréhension qu’elle donne de la vie, permet d’atteindre le bonheur.
- C’est pourquoi « […] celui qui dit que le moment de philosopher n’est pas encore venu, ou que ce moment est passé, est semblable à celui qui dit, s’agissant du bonheur, que le moment n’est pas encore venu ou qu’il est passé » (§122).
Première étape : l’élimination des craintes et angoisses infondées
- Les dieux ne sont pas à craindre : ils sont en effet « incorruptible[s] et bienheureux », et ne se soucient donc pas de nous (§123).
- La mort elle non plus n’est pas à craindre, puisque « quand nous sommes, la mort n’est pas présente ; et que, quand la mort est présente, alors nous ne sommes pas » : la mort étant synonyme de disparition de la sensation, nous ne pouvons pas en souffrir (§125).
- Enfin, tout n’est pas prédéterminé, mais tout n’est pas non plus sous notre contrôle. Nous n’avons donc pas à désespérer à l’idée de ne rien pouvoir changer au cours des choses, sans avoir non plus à nous sentir responsables de tout ce qui arrive (§127).
Comment dès lors mener sa vie ?
- Ce sont les signaux de plaisir et de douleur qui doivent guider nos choix : le plaisir est le critère qui permet de prendre toutes les décisions (§128). Pour autant, ce choix doit être réfléchi, il doit prendre en compte les conséquences : il faut par exemple parfois choisir une douleur immédiate en vue d’un bien futur (on peut ainsi penser au remède, parfois douloureux, du médecin) (§129-130).
- De plus, Épicure classe les désirs en différentes catégories : les uns sont non naturels, les autres naturels. Parmi ceux-ci, certains sont non nécessaires, d’autres nécessaires ; nécessaires soit « à la vie elle-même », soit « à l’absence de dysfonctionnement du corps », soit « au bonheur », c’est-à-dire « à l’absence de trouble dans l’âme » (§127-128). (1)
- Parmi ces désirs, il faut privilégier ceux qui sont nécessaires ; ils ont l’avantage d’être faciles à satisfaire. Les désirs « non naturels » en revanche, sont à éviter : ils sont vains et infinis, donc source d’insatisfaction. Épicure invite ainsi à viser « l’autosuffisance » (§131) pour « être sans crainte devant les aléas de la fortune » et tirer « le plus de jouissance » des moments d’ « abondance » (§130).
- Épicure clarifie enfin ce qu’il entend par plaisir : il ne s’agit pas « des plaisirs des débauchés […], mais du fait, pour le corps, de ne pas souffrir et, pour l’âme, de ne pas être troublée » (§131-132).
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Cette synthèse sur la Lettre à Ménécée d’Épicure propose une première approche de ce texte.
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Édition de référence
- Épicure, Lettre à Ménécée, dans Épicure, Lettres, maximes et autres textes, traduction et présentation de Pierre-Marie Morel, collection GF, Flammarion, Paris, 2011.
Voir aussi la traduction de Maurice Solovine (éditions Hermann, 1940), reprise par Gérard Chomienne dans Lire les philosophes, Hachette Éducation, Paris, 2004.
Note :
(1) Voir la scolie de la Maxime capitale XXIX, dans Épicure, Lettres, maximes et autres textes, traduction Pierre-Marie Morel, collection GF, Flammarion, Paris, 2011, p. 110-111 : « Épicure considère comme naturels et nécessaires [les désirs] qui délivrent de la douleur, comme la boisson quand on a soif ; comme naturels mais non nécessaires ceux qui ne produisent que des variations du plaisir sans éliminer cependant la douleur, comme les nourritures coûteuses ; comme n’étant ni naturels ni nécessaires, par exemple, les couronnes et l’érection de statues. »