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Histoire de la Philosophie

Lettre à Ménécée d’Épicure

Buste d’Épicure, musée du Louvre
(photo Eric Gaba)

Pour cette synthèse, nous avons examiné l’approche proposée par Épicure, dans la Lettre à Ménécée, pour atteindre le bonheur.

Selon Épicure, il n’y a pas d’âge pour philosopher

  • La philosophie, par la compréhension qu’elle donne de la vie, permet d’atteindre le bonheur.
  • C’est pourquoi « […] celui qui dit que le moment de philosopher n’est pas encore venu, ou que ce moment est passé, est semblable à celui qui dit, s’agissant du bonheur, que le moment n’est pas encore venu ou qu’il est passé » (§122).

Première étape : l’élimination des craintes et angoisses infondées

  • Les dieux ne sont pas à craindre : ils sont en effet « incorruptible[s] et bienheureux », et ne se soucient donc pas de nous (§123).
  • La mort elle non plus n’est pas à craindre, puisque « quand nous sommes, la mort n’est pas présente ; et que, quand la mort est présente, alors nous ne sommes pas » : la mort étant synonyme de disparition de la sensation, nous ne pouvons pas en souffrir (§125).
  • Enfin, tout n’est pas prédéterminé, mais tout n’est pas non plus sous notre contrôle. Nous n’avons donc pas à désespérer à l’idée de ne rien pouvoir changer au cours des choses, sans avoir non plus à nous sentir responsables de tout ce qui arrive (§127).

Comment dès lors mener sa vie ?

  • Ce sont les signaux de plaisir et de douleur qui doivent guider nos choix : le plaisir est le critère qui permet de prendre toutes les décisions (§128). Pour autant, ce choix doit être réfléchi, il doit prendre en compte les conséquences : il faut par exemple parfois choisir une douleur immédiate en vue d’un bien futur (on peut ainsi penser au remède, parfois douloureux, du médecin) (§129-130).
  • De plus, Épicure classe les désirs en différentes catégories : les uns sont non naturels, les autres naturels. Parmi ceux-ci, certains sont non nécessaires, d’autres nécessaires ; nécessaires soit « à la vie elle-même », soit « à l’absence de dysfonctionnement du corps », soit « au bonheur », c’est-à-dire « à l’absence de trouble dans l’âme » (§127-128). (1)
  • Parmi ces désirs, il faut privilégier ceux qui sont nécessaires ; ils ont l’avantage d’être faciles à satisfaire. Les désirs « non naturels » en revanche, sont à éviter : ils sont vains et infinis, donc source d’insatisfaction. Épicure invite ainsi à viser « l’autosuffisance » (§131) pour « être sans crainte devant les aléas de la fortune » et tirer « le plus de jouissance » des moments d’ « abondance » (§130).
  • Épicure clarifie enfin ce qu’il entend par plaisir : il ne s’agit pas « des plaisirs des débauchés […], mais du fait, pour le corps, de ne pas souffrir et, pour l’âme, de ne pas être troublée » (§131-132).

Envie d’aller plus loin ?

Cette synthèse sur la Lettre à Ménécée d’Épicure propose une première approche de ce texte.

Je serais ravi d’en discuter plus amplement avec vous, par exemple pour vous aider dans votre explication de texte, lors d’une séance individuelle.

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Édition de référence

  • Épicure, Lettre à Ménécée, dans Épicure, Lettres, maximes et autres textes, traduction et présentation de Pierre-Marie Morel, collection GF, Flammarion, Paris, 2011.
    Voir aussi la traduction de Maurice Solovine (éditions Hermann, 1940), reprise par Gérard Chomienne dans Lire les philosophes, Hachette Éducation, Paris, 2004.


Note :

(1) Voir la scolie de la Maxime capitale XXIX, dans Épicure, Lettres, maximes et autres textes, traduction Pierre-Marie Morel, collection GF, Flammarion, Paris, 2011, p. 110-111 : « Épicure considère comme naturels et nécessaires [les désirs] qui délivrent de la douleur, comme la boisson quand on a soif ; comme naturels mais non nécessaires ceux qui ne produisent que des variations du plaisir sans éliminer cependant la douleur, comme les nourritures coûteuses ; comme n’étant ni naturels ni nécessaires, par exemple, les couronnes et l’érection de statues. »

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