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Histoire de la Philosophie

Préface pour un traité du vide de Pascal

Portrait de Blaise Pascal

Cette synthèse traite de la « Préface pour un traité du vide » de Blaise Pascal.

Nous avons examiné ce passage sous l’angle de la question : Dans une démarche de connaissance, comment prendre en compte le travail des prédécesseurs ?

Distinction de deux champs de connaissance

  • Pascal commence par distinguer deux champs de connaissance. D’abord, il faut dans certains domaines s’en remettre aux écrits antérieurs. C’est selon lui le cas de l’histoire, de la géographie, de la jurisprudence, des langues, et surtout de la théologie.
  • Dans d’autres domaines, les sens et le raisonnement doivent prévaloir. C’est notamment le cas en géométrie, en arithmétique, en musique, en physique, en médecine et en architecture. Il faut alors s’appuyer sur les travaux de celles et ceux qui nous ont précédé, mais aussi y joindre nos propres efforts.

Six arguments pour justifier l’innovation dans le second champ de connaissance

  • Pascal invoque alors six arguments pour justifier sa position en faveur de l’innovation dans les disciplines relatives à la connaissance de la nature. Il souligne d’abord que si nos prédécesseurs avaient considéré qu’il fallait simplement suivre ce qui était déjà établi, ils n’auraient pas osé inventer, et nous ne pourrions pas aujourd’hui nous appuyer sur leurs travaux. En conséquence, il faut innover, comme ils l’ont fait, et ainsi « tâcher de les surpasser en les imitant » (p. 594).
  • Deuxièmement, ce n’est pas leur manquer de respect que d’innover, puisque nous savons ce que nous devons à leurs efforts antérieurs : « s’étant élevés jusqu’à un certain degré où ils nous ont portés, le moindre effort nous fait monter plus haut » (p. 594). Il n’est donc pas prétentieux de dire que l’on fait mieux qu’eux : c’est justement grâce à eux que ce mieux est possible.
  • Par ailleurs, interdire l’innovation en science, c’est, selon Pascal, « traiter indignement la raison de l’homme », en la ramenant à un instinct, qui est fixe, alors que la raison a pour caractéristique d’être capable d’apprendre, d’inventer.
  • Pascal met ensuite en garde contre un respect excessif envers ceux que l’on appelle « anciens ». En effet, la transmission de connaissance à travers les générations fait que « les hommes sont aujourd’hui en quelque sorte dans le même état où se trouveraient ces anciens philosophes, s’ils pouvaient avoir vieilli jusqu’à présent » (p. 596). Ceux-ci incarnaient donc en fait l’enfance de l’humanité. Nous n’avons donc pas à les révérer comme s’il s’agissait de personnes âgées ayant derrière elle toute une expérience. Au contraire, ils avaient, de ce point de vue, bien moins d’expérience que nous.
  • Pascal poursuit en mentionnant quelques erreurs dans l’histoire de la connaissance du monde, corrigées depuis. D’abord, le fait que la voie lactée n’est pas une partie solide du ciel, mais qu’elle est constituée d’étoiles, comme l’a révélé son observation plus détaillée grâce à de nouveaux instruments d’optique. D’autre part, on a longtemps pensé que les corps célestes situés au-delà de la lune étaient incorruptibles, ce qui a été démenti par l’observation de comètes, qui apparaissent et disparaissent. Dans ce contexte, nous serions « inexcusables » (p. 597) de maintenir des croyances que nous savons fausses.
  • Pascal termine en proposant une interprétation du principe d’induction en science : il considère que quand on dit « toujours » en science, cela ne vaut que pour ce qui a déjà été observé. On peut ainsi dire aujourd’hui que le vide existe, « sans […] contredire » (p. 600) les anciens qui disaient qu’il n’existait pas, parce qu’ils ne l’avaient jamais observé, et ne se trompaient donc pas au sujet de leurs observations.

« La vérité doit toujours avoir l’avantage » sur l’ « antiquité »

  • En conclusion, Pascal souligne que, si l’on souhaite révérer ce qui est ancien, il faut alors privilégier la vérité, qui est toujours la plus ancienne, puisqu’elle a toujours existé.

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Texte de référence

  • Blaise Pascal, « Préface pour un traité du vide » [1649], dans Pensées, éd. Ernest Havet, Paris, Dezobry et Magdeleine, 1852. Texte librement disponible sur Wikisource.

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