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Histoire de la Philosophie

Cours de philosophie positive, Auguste Comte, leçon 1

Lithographie d’Auguste Comte par Johan Hendrik Hoffmeister, 1851

Nous examinons dans cette synthèse les premières pages du Cours de philosophie positive d’Auguste Comte (1830) sous l’angle de la question : De quelle manière la connaissance humaine naît-elle et progresse-t-elle ?

La « grande loi fondamentale » du développement de « l’intelligence humaine »

  • Selon Auguste Comte, « chaque branche de nos connaissances passe successivement par trois états théoriques différents : l’état théologique, ou fictif ; l’état métaphysique, ou abstrait ; l’état scientifique, ou positif » (p. 5).
  • « Dans l’état théologique, l’esprit humain dirig[e] essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres, […] vers les connaissances absolues », et « se représente [alors] les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels plus ou moins nombreux » : les dieux interviennent ainsi sans cesse dans le monde, ce qui « explique toutes les anomalies apparentes de l’univers » (p. 6).
  • « Dans l’état métaphysique, […] les agents surnaturels sont remplacés par des forces abstraites, véritables entités (abstraction personnifiées) inhérentes aux divers êtres du monde […] » (p. 6-7). On peut penser à des concepts comme l’énergie vitale en biologie, ou la volonté du peuple en politique.
  • « Enfin, dans l’état positif, l’esprit humain reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues, renonce à chercher l’origine et la destination de l’univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s’attacher uniquement à découvrir, par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation, leurs lois effectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude. » (p. 8) Cela correspond à la recherche des lois de la nature dans la science moderne.
  • Chacun de ces états est le siège d’une progression, vers une forme d’unification qui lui est propre. Ainsi l’état théologique réduit progressivement le nombre d’entités divines pour parvenir au monothéisme. Le « système métaphysique » progresse jusqu’à « concevoir […] une seule grande entité générale, la nature, envisagée comme la source unique de tous les phénomènes » (p. 9-10). Enfin, l’état positif vise une capacité à « se représenter tous les divers phénomènes observables comme des cas particuliers d’un seul fait général », « quoiqu’il soit très probable qu’il ne doive jamais l’atteindre » (p. 10).

La première étape est nécessairement fictionnelle, ou théologique

  • Auguste Comte considère que cette décomposition en trois étapes est manifeste aussi bien dans l’histoire des sciences (p. 11) qu’à l’échelle individuelle, dans le développement de chacun·e (p. 12-13).
  • Cette loi est aussi une nécessité théorique. En effet, pour pouvoir observer des phénomènes, il faut déjà disposer d’une première théorie, de premières hypothèses. L’invention doit donc précéder l’observation rigoureuse : « Si, en contemplant les phénomènes, nous ne les rattachions point immédiatement à quelques principes, non seulement il nous serait impossible de combiner ces observations isolées, […] mais nous serions même entièrement incapables de les retenir […] » (p. 15).

Le passage du théologique au positif se fait par le métaphysique

  • Dans la phase théologique, les aspirations à connaître des humains dépassent largement ce qui est connaissable par eux. Pourtant, la philosophie théologique prétend y répondre. En conséquence, dans ce contexte, la philosophie positive aurait bien peu d’audience, elle qui regarde « comme nécessairement interdits à la raison humaine tous ces sublimes mystères, que la philosophie théologique explique, au contraire, avec une si admirable facilité jusque dans tous leurs moindres détails » (p. 17). Le passage de l’une à l’autre nécessite donc une étape intermédiaire : la philosophie métaphysique.
  • L’aspiration au perfectionnement de la connaissance va y focaliser l’attention sur les phénomènes, et motiver les efforts nécessaires à la constitution de la philosophie positive. Ainsi les minutieuses observations effectuées en vue de prédictions astrologiques serviront de base à l’astrophysique. De même les espoirs déçus de l’alchimie fourniront le matériau pour la naissance de la chimie (p. 21-22).

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Cette synthèse concernant le début de la première leçon du Cours de philosophie positive d’Auguste Comte propose une première approche du texte.

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Édition de référence

  • Auguste Comte, Cours de philosophie positive [1830], tome I, édition de Charles Le Verrier, Paris, Classiques Garnier, collection « Classiques Jaunes », 1949-2021, p. 1 à 33.

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