Cette synthèse traite de la fin du livre VI et du début du livre VII de La République de Platon (505a-521b).
Thème principal : quel devrait être le rapport entre connaissance et pouvoir ?
La connaissance selon Platon
- Elle se distingue de l’opinion, incertaine, qui peut être le fruit du hasard, de la chance (506c).
- Elle ne concerne que ce qui est éternel : ce qui est changeant, « ce qui naît et périt » ne peut être l’objet de connaissance, seulement de l’opinion, de la croyance (508d). Seules les idées, comme « le beau en soi », « le bien en soi » (507b), peuvent donc se prêter à une connaissance.
- On accède ainsi à la connaissance la plus pure par le raisonnement seul (511b-c), en travaillant sur « les idées considérées en elles-mêmes » (510b).
L’enjeu de l’éducation
- Comme l’illustre notamment l’allégorie de la caverne (514a-518b), l’accès à la connaissance est pénible, inconfortable pour l’apprenant (515e), et nécessairement progressif (516a). Pour autant, « chacun possède la faculté d’apprendre » (518c), à condition d’orienter son regard « dans une bonne direction » (518d).
- Toujours en se servant de l’allégorie de la caverne, Platon montre que l’accès à la connaissance, par la satisfaction qu’elle produit, et la mise en perspective qu’elle offre, conduit à mépriser le monde matériel, et notamment ses honneurs (516c-d).
- Il implique aussi une difficulté à s’adapter au monde matériel, imparfait, d’où une certaine maladresse chez les philosophes, par exemple dans les procédures judiciaires (1) (516e-517a, 517d-e).
Le pouvoir platonicien, un pouvoir totalitaire ?
- Ayant exposé son idéal de connaissance, Platon en tire alors des conséquences pour l’organisation de la cité. Celle-ci doit par exemple selon lui former activement les citoyens, notamment en « coup[ant] » « dès l’enfance » « ces penchants […] qui […] entraînent l’âme vers les festins […] et abaissent les regards vers les choses inférieures » (519a-b).
- Par ailleurs, comme on l’a vu, ceux qui ont eu accès à la connaissance ne souhaiteront pas revenir se soucier des enjeux matériels. Il faudra donc forcer les philosophes à gouverner (519c-d), pour une partie de leur temps. Ils régleront ainsi leur dette à la cité qui les a formés (520d-e).
- Enfin, s’il faut que les dirigeants de la cité aient une connaissance parfaite, c’est parce que l’on doit « tout [leur] confier » selon Platon (506a). Dans cette cité parfaite, tout est organisé, avec « persuasion » et « autorité », au service de la « société commune » (519e-520a). (2)
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Références des textes cités
- Platon, La République, traduction de Victor Cousin (Classiques Hachette), disponible librement en ligne. Repris par Gérard Chomienne dans Lire les philosophes, Hachette Éducation, Paris, 2004. Voir aussi la traduction de Georges Leroux (GF, Flammarion, 2004).
(1) Voir par exemple le Criton de Platon.
(2) Cet aspect est la base de la critique sévère de Platon par Karl Popper dans le tome I de The Open Society and its Enemies. Il lui reproche son combat contre la démocratie, et, pour le dire rapidement, d’être le penseur des régimes autoritaires. Voir Karl Popper, The Open Society and its Enemies, Londres, Routledge, 2002-2011 (première publication en 1945).