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Histoire de la Philosophie

La Philosophie de l’Histoire de Hegel

Portrait de Georg Wilhelm Friedrich Hegel par Jakob Schlesinger, 1831

Cette synthèse traite de l’introduction manuscrite de 1830 à La Philosophie de l’histoire de Georg Wilhelm Friedrich Hegel.

Nous examinons ce passage sous l’angle de la question : L’histoire progresse-t-elle dans une direction déterminée ?

« L’Esprit » anime, selon Hegel, l’ensemble des humains, et vise à réaliser la liberté dans l’histoire

  • L’esprit est, pour Hegel, un « principe » qui habite l’ensemble des êtres humains, mais qui n’existe pas indépendamment d’eux : « Les lois, les principes ne vivent pas, ne valent pas immédiatement par eux-mêmes. L’activité qui les met en œuvre et qui les fait exister, c’est le besoin de l’homme, l’impulsion, et ensuite son inclination et sa passion » (p. 68).
  • L’esprit est cependant unique, commun à l’ensemble des humains. Pour tenter de réconcilier les deux visions, on peut l’envisager comme une résultante. Hegel présente alors l’esprit comme ayant une volonté propre, celle de « se réaliser » dans l’histoire, d’imprimer sa marque pour s’apparaître à lui-même et ainsi se connaître (p. 63).

L’esprit se caractérise par la conscience de la liberté

  • Selon Hegel, on ne peut être libre qu’en ayant conscience de l’être : « savoir » que l’humain est « libre en soi » est ce qui permet d’être libre (p. 63). Sans ce savoir, il n’y a pas de liberté.
  • Il a fallu passer, dans l’histoire, par plusieurs étapes pour que ce savoir apparaisse. Pour Hegel, les Grecs anciens ont été les premiers à prendre conscience de la liberté de l’homme, mais de manière partielle : seuls certains étaient libres, et leur conception de la liberté était compatible avec l’esclavage. La connaissance de l’universalité de la liberté humaine n’a été atteinte, pour Hegel, que par « les nations germaniques » « dans le christianisme » ; « dans la religion, la région la plus intime de l’esprit » (p. 63).
  • Mais connaître le caractère libre de chaque être humain ne suffit pas : il faut « incorporer ce principe dans la réalité de-ce-monde-ci » par un « long travail de formation culturelle ». Ainsi, malgré l’adoption de la religion chrétienne, l’esclavage a longtemps perduré, et la liberté a été absente des institutions.

L’histoire est l’étude des moyens qu’emploie la liberté pour se réaliser

  • Au premier abord, l’histoire se présente comme une succession d’événements qui ont leur source dans l’intérêt des individus (p. 65). Rien ne peut advenir sans que des humains le fassent, et pour qu’ils le fassent, il faut que leur intérêt y soit lié. C’est même une caractéristique de la liberté : « que le sujet se trouve lui-même satisfait, dans une activité, dans un travail » (p. 68).
  • Comment alors un dessein collectif peut-il se réaliser ? C’est que des intérêts particuliers peuvent en même temps être communs, partagés. Et les aspirations communes aux différents individus auront alors plus de chances de se réaliser (p. 69). Les humains se caractérisent alors par leur pouvoir de transformation du monde : « À la situation existante, [les hommes] opposent ce qui selon eux doit être, en droit, dans la chose [en question]. Ici, ce qui exige d’être satisfait, ce n’est pas l’intérêt particulier, ni la passion, mais la raison, le droit, la liberté » (p. 77).
  • Pour Hegel, certains individus, certaines personnalités historiques incarnent ces aspirations collectives et agissent dans le sens voulu par l’ensemble d’un peuple à un moment donné. Ils le font cependant toujours en fonction d’abord de leur intérêt propre, et de circonstances particulières (p. 73-74).
  • La matérialisation finale de cette liberté se fait, selon Hegel, dans l’État : « L’État, ses lois, ses institutions sont [celles des individus], ce sont leurs droits. […] L’histoire de cet État, ses actes et les actes de leurs ancêtres sont les leurs, ils vivent dans leur souvenir, ces actes ont produit ce qui existe aujourd’hui, ils leur appartiennent – tout cela est leur possession, tout comme ils sont eux aussi en sa possession, car cela constitue leur substance, leur être. Leur imagination en est pleine, et leur volonté consiste à vouloir ces lois et cette patrie. C’est cet ensemble spirituel qui constitue un [seul] être, l’esprit d’un peuple. » (p. 79-80) La liberté hegelienne apparaît donc comme d’abord collective.

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Édition de référence

  • Georg Wilhelm Friedrich Hegel, La Philosophie de l’histoire, sous la direction de Myriam Bienenstock, traduction M. Bienenstock, C. Bouton, J.-M. Buée, G. Marmasse et D. Wittmann, Paris, Librairie Générale Française, collection « Le Livre de poche » – « La Pochothèque », 2009, p. 63-70, 74-77, 79-80.

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